Louis XIV, souverain européen #2

Par Alexandru Ojica

Première partie de l'article : ici

La France synonyme d’élégance et de bon goût

En 1672 est lancé le premier magazine de mode, Le Mercure Galant, par l’écrivain et publiciste Jean Donneau de Visé. Ses pages passent en revue les vêtements que portaient les dames de la haute société, les détails liés à la coiffure, les bijoux arborés, mais aussi des informations venant du domaine des arts et de la littérature. Le Mercure Galant transmettait, en réalité, deux messages. Le premier était qu’il fallait toujours être au courant de ce qui était à la mode à la cour, sous peine d’être considéré comme dépassé, et le second soutenait que la qualité ne se pouvait trouver qu’à Paris, et que la France était désormais synonyme d’élégance et de bon goût. Une image qui perdure aujourd’hui.

L’absolutisme de sa politique s’est ressenti aussi dans sa vision de l’armée, qu’il a véritablement rendue “royale”. Il a présidé à la création d’une armée modernisée, permanente et dotée d’une organisation uniforme. Seul le souverain avait le droit de décider qui commandait, qui était promu ou qui était rétrogradé. Les soldats de chaque régiment étaient obligés de porter un uniforme distinctif. Par la création d’une école militaire pour les officiers, afin de pouvoir y sélectionner les meilleurs chefs, Louis le Grand s’est montré particulièrement brillant. Mais le recours à la force n’est pour lui qu’un des instruments de la politique, en règle générale “le dernier” (sur les canons du roi de France était gravée l’inscription suivante : “Ultima ratio regnum” — le dernier argument des rois).

Un héritage perceptible dans l’imaginaire européen

Louis XIV avait une capacité étonnante à s’adapter à la vie militaire, ses soldats le respectant non seulement pour ses qualités stratégiques et guerrières, démontrées sur le champ de bataille, mais aussi pour la construction de l’Hôtel des Invalides. Ce complexe de bâtiments a été érigé pour servir d’hôpital et d’asile pour les anciens combattants. Construit dans la première partie de son règne, en 1670-1676, il abrite aujourd’hui la tombe de Napoléon Bonaparte. Les guerres d’annexion, extrêmement couteuses, d’entre 1688-1713, ont été, elles, financées par les taxes collectées. La Louisiane, colonie française située sur le territoire américain, a été fondée et baptisée en son honneur, en 1682, par l’explorateur français René-Robert Cavelier de Lasalle.

A en juger par ce qu’en a dit Napoléon, Louis XIV aurait été “le seul roi de France qui mérite le titre de monarque”. Il était en tout cas habile à “donner du sens” à son règne. Et Louis  tenait beaucoup à ses titres. La coutume voulait ainsi que le roi de la France soit nommé “fils aîné de l’Eglise” et “roi très chrétien”, ce que contredisaient clairement ses aventures extra-conjugales. La rivalité opposant d’ailleurs les deux maîtresses du roi, la frivole Françoise-Athénaïs de Montespan et l’autoritaire Françoise de Maintenon, est, elle, bien connue. Louis XIV a eu cinq enfants légitimes, mais tous sont morts avant lui. Il a aussi reconnu ses enfants illégitimes, leur assurant une “pension alimentaire” en leur offrant titres et rang. Les filles ont toutes été mariées à des partis avantageux. Son catholicisme était conforme aux tendances de son époque, il rejetait toute tolérance et s’aligna sur la Contre-réforme. Dès le début de son règne, il s’est efforcé de soutenir le retour des huguenots au catholicisme, détruisant les temples et les écoles protestants. En 1685, le Roi Soleil a révoqué l’Edit de Nantes et interdit le culte protestant.

“Le Soleil” s’est couché le 1er septembre 1715, à 76 ans, et a été inhumé en hâte ; mais son héritage est encore perceptible dans l’air parisien et dans l’imaginaire européen. Sic transit gloria mundi, dit le dicton latin. Le Roi-Soleil, lui, est resté dans l’histoire de l’humanité pour l’efficacité de son absolutisme, considéré comme de droit divin, et, surtout, pour le style dont il a imprégné la culture française.

Les Roumains n’ont pas compté beaucoup de rois, dans leur histoire, seulement quatre, tous issus de la Maison de Hohenzollern. Leurs personnalités restent marquantes et solidement ancrées dans l’âme roumaine. Quoi qu’il en soit, nos manuels d’histoire parlent en Roumanie surtout de deux grands souverains européens : Louis XIV et Napoléon Bonaparte. Tous deux sont des modèles qui poussent à la réflexion, à l’interrogation sur l’esprit européen propre aux XVIIe et XVIIIe siècles, mais aussi à la recherche de solutions pour l’Europe contemporaine.

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Article d'Alexandru Ojica publié dans la revue La Aventura de la Historia, le supplément du journal El Mundo, en septembre 2015.

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