Le dernier voyage de Louis XIV

Par Le Centre des monuments nationaux

Saint-Denis, la nécropole royale

Si la fonction funéraire de la basilique de Saint-Denis existe depuis ses origines, c’est Louis IX, futur Saint Louis, qui installa définitivement la tradition d’y inhumer les souverains.Dès lors, tous les rois et reines de France à quelques exceptions près, princes et princesses, ainsi que certains fervents serviteurs du Royaume y furent ensevelis.

Inhumer un roi, mode d’emploi

La pratique de l’inhumation séparée (corps, cœur, entrailles) est née peu à peu de la nécessité de mieux conserver les corps pendant leurs transports, puis s’est érigée en une pratique systématique.  En 877, Charles Le Chauve est le premier souverain à être éviscéré, mais la pratique ne se développe en France, à la suite de l’Allemagne et de l’Angleterre, qu’à partir du XIIIe siècle. Si le corps de Louis XIV est enterré à la basilique de Saint-Denis, ses entrailles sont, en revanche, portées à la cathédrale Notre-Dame-de-Paris et son cœur déposé à l’église Saint-Louis des Jésuites (actuelle église Saint-Louis-Saint-Paul).

Un cérémonial réglé comme un mouvement d’horlogerie donnait la cadence des majestueuses funérailles royales. L’inhumation de Louis XIII, père de Louis XIV, marqua cependant une rupture avec les usages anciens. Homme pieux, il souhaita abandonner ces rites pompeux et coûteux qui accompagnaient la mort et les obsèques des monarques.

Le corps du roi sera, désormais, conduit de nuit à la basilique et sans le passage habituel par la capitale et la cathédrale Notre-Dame-de-Paris. De parade royale, le convoi du défunt, tiré par huit chevaux, est redevenu un cortège de deuil renvoyant ainsi à la tradition chrétienne. Le trajet nocturne à la lueur des torches et l’arrivée à l’aurore symbolisent ainsi la résurrection.

La légende tenace selon laquelle le roi Soleil aurait été inhumé en toute discrétion pour le soustraire à la vindicte  d’un peuple qui le haïssait est donc désormais à écarter.

Le cortège funèbre

Le 9 septembre 1715, soit huit jours après la mort du roi, une fois les vêpres célébrées, le cercueil est installé sur un char drapé  de velours noir. Le dernier voyage du roi dont le corps avait été embaumé peut commencer. À 19 heures précises, le convoi escorté par la garde écossaise, corps militaire chargé d’assurer la sécurité des souverains, s’ébranle. Il est composé de carrosses transportant les membres de la famille du roi, les officiers, les personnages de haut-rang ou certains religieux, de cavaliers alors que d’autres, moins fortunés, l’escortent à pied. Au total, on estime que plus de 1 000 personnes prennent part au cortège funèbre.

La trentaine de kilomètres séparant le château de Versailles de Saint-Denis est parcourue par le cortège, au pas, en pas moins de dix heures.

Le 10 septembre, aux premières lueurs du jour, le convoi est accueilli aux portes de la ville par le clergé dionysien. Après les prières d’usage, le corps du roi est transporté dans la basilique, revêtue de parures de deuil.

Le décor grandiose a été élaboré par l’administration des Menus Plaisirs, service de la Maison du roi : trois bandes de velours noirs recouvrent la façade du monument ; le chœur et la nef, également tendus de noir, sont richement décorés.

C’est dans le haut chœur, transformé en chapelle ardente, que le cercueil du roi sera exposé encore 40 jours devant un flot incessant de visiteurs avant son inhumation le 23 octobre 1715.

À suivre…

Jusqu’au 27 septembre, venez découvrir l’exposition « La Dernière Nuit : Funérailles royales au temps de Louis XIV » présentée dans la crypte de la basilique cathédrale de Saint-Denis. Vous découvrirez aussi l’extraordinaire façade du monument, dont la restauration vient de s’achever.

Par Le Centre des monuments Nationaux, qui conserve, restaure, gère et ouvre à la visite près de 100 monuments partout en France dont la Basilique-cathédrale de Saint-Denis. Suivez-nous sur @leCMN.

L'exposition

Une exposition orchestrée par le commissaire d’exposition, Thomas Leconte, l’administrateur de la basilique de Saint-Denis, Serge Santos et le scénographe Franck Houndégla., organisée par le Centre des monuments nationaux et le Festival de Saint-Denis, en collaboration avec le Centre de musique baroque de Versailles.

Pour plus d’informations sur l’exposition rendez-vous sur le site internet du Centre des monuments nationaux.

Le trajet du convoi funéraire